Lors d’une récente conférence que j’ai donnée à Toronto, j’ai insisté sur cette affaire pour bien faire comprendre comment des radicaux et des organisations islamistes parviennent à acquérir une respectabilité, à se poser comme interlocuteurs valables et crédibles. La très grande majorité des leaders musulmans actuels, tant au Québec que dans le reste de l’Amérique du Nord, sont devenus « respectables » ou ont acquis de la crédibilité grâce aux « dialogues interreligieux » et aux activités de rapprochement de groupes culturels ou autres.
Presque tous les leaders islamistes qui ont acquis une respectabilité auprès des non-musulmans l’ont fait en participant à des rencontres multiconfessionnelles. Malheureusement, en voulant trop spontanément croire à leur bonne foi au lieu de chercher à mieux les connaître, nous avons aidé nos ennemis à gravir l’échelle de l’honorabilité. Nous leur avons donné une tribune!
Mais pourquoi n’entendons-nous jamais parler de ces problèmes d’infiltration et d’influence? Il y a deux explications : 1. La force et le poids de l’orthodoxie politique dans nos sociétés qui paralyse les esprits et qui empêche de dire des vérités qui fâchent 2. La multiplication des entraves législatives à la liberté d’expression (comme l’article 13 et la Commission canadienne des droits de la personne)
Marc Lebuis
Traduction de: Heritage Canukistan?, par Farzana Hassan, IPT, 23 mars 2009.
Les paris sont de nouveau ouverts pour déterminer l’agence gouvernementale la plus incompétente face au radicalisme islamique. Jusqu’à présent, les parieurs favorisaient la Commission de l’Immigration et du statut de réfugiés (CISR). Imaginez : pendant 11 ans, l’un des commissaires a été le président de la Fédération canado-arabe (FCA) connue pour ses sympathies envers les organisations extrémistes – comme le Hamas et le Hezbollah. Un tel homme devait décider qui est trop dangereux pour entrer au pays!
Maintenant, «Patrimoine Canadien» tente de ravir le titre de champion de l’incompétence et cela avec l’aide du Centre pour la foi et les médias (CFM) basé à Calgary.
Le CFM semble être une petite organisation n’ayant qu’un employé payé et un conseil d’administration formé surtout de sympathiques bénévoles à l’esprit très religieux. Il se veut un carrefour d’informations et un lien entre les médias et les communautés de foi. Et bien, c’est cette organisation qui a mis Patrimoine Canada dans l’embarras.
Le fiasco actuel a commencé lorsque Patrimoine Canadien a accordé de l’argent au CFM pour mettre sur pied « Le projet musulman », une série de tables rondes à travers le Canada. Les responsables du projet ont fait valoir que la seule employée rémunérée du CFM, la directrice générale Richelle Wiseman agirait comme modératrice. Le résultat de ce projet? Une ‘étude’ bien intrigante parce qu’elle porte sur la manière dont les médias parlent des musulmans et de l’islam au Canada. Elle devrait être rendue publique l’an prochain.
Les bureaucrates de Patrimoine Canada auraient pu prévoir qu’un projet axé sur les musulmans pouvait mal tourner s’ils s’étaient donné la peine de lire le « Guide du journaliste » qui était disponible sur le site web du CFM. Ce “guide”, retiré le dernier, recommandait aux journalistes canadiens de consulter le fameux Council on American-Islamic Relations (CAIR) comme source fiable d’informations sur les musulmans et l’islam!
Toute une recommandation quand on sait que CAIR, est une organisation d’islamistes radicaux qui a son siège à Washington DC et qui est [financée par l’Arabie Saoudite!>http://www.investigativeproject.org/documents/misc/110.pdf] Le ministère américain de la justice l’a désigné « co-conspirateur non poursuivi » dans une poursuite contre la Holy Land Foundation, une organisation accusée d’avoir financé des activités terroristes. Plusieurs de ses dirigeants et associés ont été condamnés à des peines de prison. Un agent du FBI a affirmé que la Holy Land Foundation n’était qu’une façade du Hamas, autre organisation terroriste!
CAIR-CAN la branche canadienne de CAIR, a enregistré un droit d’auteur sur le «Guide du journaliste sur l’islam». On ne sait trop si les fonctionnaires canadiens ont été dupés par la désinformation habituelle de CAIR-CAN et l’ont cru quand l’organisme a affirmé « s’être distancié » de CAIR. Pourtant, la présidente de CAIR-CAN, Sheema Khan a reconnu dans une déclaration sous serment signée en décembre 2003 que CAIR-CAN est une filiale de CAIR!
Difficile de savoir si Patrimoine Canada et les ‘œcuménistes’ du CFM étaient au courant que CAIR-CAN refuse de condamner le Hamas, le Hezbollah et d’autres organisations de tueurs inscrites sur la liste des groupes terroristes interdits au Canada Étaient-ils au courant que CAIR-CAN est mêlé à un procès lié aux attentats du 11 septembre? Savaient-ils que CAIR et CAIR-CAN ont lancé une campagne de poursuites en libelle contre presque tous les médias canadiens et américains qui ont osé s’interroger sur les liens entre les deux organisations ou leurs objectifs? Le moins qu’on puisse dire c’est que CAIR-CAN est un « partenaire » plutôt faible pour un organisme comme le CFM qui prétend vouloir aider les médias à mieux comprendre l’islam!
Mais il pourrait y avoir pire. Certains indices laissent croire que les musulmans les plus détestés par les modérés auraient pris le contrôle du « Projet musulman ». C’est ce qui ressort, par exemple, de la publicité faite au sujet des tables rondes. On a l’impression qu’une relation intime, presque symbiotique, s’est développée entre CAIR-CAN et le CFM bien intentionné, mais bien mal informé.
Un exemple suffira à le montrer. L’une des tables rondes présentant des agents de CAIR-CAN, a eu lieu à Montréal. La directrice exécutive du CFM agissait comme modératrice, et les trois panélistes étaient Ihsaan Gardee, directeur exécutif de CAIR-CAN, Sameer Zuberi, présenté de manière quelque peu trompeuse dans un document comme un étudiant, défenseur des droits de la personne et Sikander Hashmi, un religieux.
Ailleurs, Zuberi était mieux connu comme coordonnateur des communications de CAIR-CAN. Quant à Hashmi, il a été décrit comme un « journaliste pigiste et un imam ». On peut se demander s’il était possible pour Richelle Wiseman de «modérer» un trio aussi radical!
Ajoutez à cela le fait que le Jamal Badawi, de la Nouvelle-Écosse était le seul musulman au sein du conseil d’administration du CFM. Peut-être devrait-on dire «a été le seul musulman» car la liste des membres du conseil du CFM a mystérieusement disparu vers le 17 mars 2009 lorsque des rumeurs de liens bizarres ont précipité le CFM dans la tourmente. Badawi a été désigné co-conspirateur non poursuivi dans le procès intenté à la Holy Land Foundation , tout comme la Islamic Society of North America (ISNA) dont il est un dirigeant. En outre, il a siégé au conseil d’administration de CAIR-CAN.
Ce gâchis a plusieurs conséquences graves.
Premièrement, sous couvert d’une organisation multiconfessionnelle, CAIR-CAN peut se faire passer pour « modéré ». Ses représentants se vantent aussi d’être des « leaders des musulmans » – selon le site web du CFM – lorsqu’ils participent à des tables rondes financées avec les fonds publics et auxquelles participent des représentants de la CBC et du réseau CTV.
Avec ce genre de tables rondes s’adressant à des journalistes et des étudiants en journalisme, Patrimoine Canadien, par l’intermédiaire du CFM, se fait complice involontaire des efforts de radicaux pour influencer la présente et future génération de journalistes. Ce faisant, Héritage Canadien et le CFM écartent des tribunes publiques les quelques Canadiens musulmans vraiment modérés et qui sont assez déterminés pour s’opposer au CAIR-CAN et aux ISNA de l’Amérique du Nord.
Deuxièmement, le lobby wahhabite, dont CAIR-CAN et ISNA sont des représentants éminents, a financé les efforts de propagande laissant croire que les musulmans canadiens sont victimes de préjugés et d’hostilité généralisés. Faisant fi des objections du Congrès musulman canadien (MCC) et des statistiques solides des autorités policières qui réfutent ces allégations, CAIR-CAN et ISNA continuent de nourrir ce mythe destructeur sans tenir compte de ses effets sur la cohésion sociale, le sentiment d’aliénation des jeunes musulmans, les risques pour la sécurité et la disparition de débats responsables sur l’extrémisme. Il va sans dire que ce mythe sert à justifier et à réclamer sans cesse des accommodements et des privilèges approuvés par l’État alors qu’ils sont refusés, à juste titre, à d’autres groupes de croyants.
On peut prévoir qu’avec «l’étude» du CFM, l’objectif réel de CAIR-CAN de confirmer une fois pour toutes, la réalité de l’« islamophobie », terme des plus ambigus, et de faire passer les musulmans pour des victimes– en particulier des victimes des médias. Cette étude incitera les journalistes à surveiller davantage leurs propos d’autant plus que les commissions canadiennes des droits de la personne ont tendance à limiter la liberté d’expression comme on l’a vu dans l’affaire Macleans-Mark Steyn. Le Macleans, le principal magazine canadien d’actualité, a été attaqué pour avoir publié un extrait du best-seller de Mark Steyn, America Alone. Le Congrès islamique canadien, un groupe radical, a porté des plaintes auprès de plusieurs commissions, multipliant les frais encourus par le magazine pour se défendre – heureusement avec succès – contre cette utilisation abusive d’agences administratives aux pouvoirs quasi judiciaires.
On peut établir un parallèle entre les efforts de censure de l’Organisation de la conférence islamique pour imposer, par l’intermédiaire de l’ONU, des normes mondiales de blasphème conformes à la charia, et l‘étude’ du CFM influencée par les islamistes. Cette étude incitera très probablement les journalistes canadiens et d’autres personnes à s’autocensurer et à ne pas dénoncer les méfaits commis par des islamistes au Canada afin de ne pas être accusés d’islamophobie.
On voit donc comment les fonds publics de Patrimoine Canadien et la naïveté d’organisations comme le CFM peuvent être utilisés pour limiter la liberté d’expression des médias et la libre circulation des idées. On pourrait même revoir une situation aussi incongrue que celle qui suivie les attentats du 11 septembre, lorsque des membres de l’équipe de rapprochement de la GRC, ignorants tout de l’islam radical, ont cité des extraits des communiqués de CAIR-CAN, présentant toujours les musulmans comme des victimes, jamais comme des agresseurs.
Ce genre d’affaires a aussi pour conséquence de miner la confiance des citoyens envers des organisations quasi religieuses bien intentionnées travaillant au rapprochement entre les groupes religieux. Le plus triste dans cette affaire, c’est que le conseil d’administration du CFM qui a supervisé le fiasco est composé de Canadiens intelligents, et honorables comme l’ex-député albertain Jocelyn Burgener, comme Licia Corbella, journaliste respectée du Calgary Herald ou comme Joe Woodward, auteur de livres sur la religion. Mais tout compte fait, il est clair que le CFM a servi de tapis rouge à l’islamisme radical!!!
Patrimoine Canada et le CFM ne sont pas les seuls à être victimes des manœuvres des islamistes. Le Centre Manning Centre, une autre institution respectable, s’est lancé dans le dialogue interreligieux à la suite des attentats du 11 septembre sans bien connaître les défis que pose l’islamisme. Dirigé par l’ancien chef conservateur Preston Manning, le Centre a créé une unité interreligieuse qui a commis une erreur en accordant une place particulière à des associés de la Société islamique de l’Amérique du Nord (ISNA). On peut prévoir qu’il sera bientôt mêlé à une controverse.
Compte tenu de ce qui se passe actuellement sein du gouvernement canadien et du secteur des ONG, il y aura encore beaucoup d’embarras pour bien du monde.