Pourquoi notre système d’accueil des réfugiés reste-t-il dysfonctionnel?
Par James Bissett
National Post,le 26 août 2009
Traduit par www.pointdebasculecanada.ca
La récente controverse sur la décision du Canada d’imposer des visas aux voyageurs de la République tchèque et du Mexique a révélé des déficiences dans notre système d’accueil des réfugiés. Elle a également révélé une tendance troublante du fonctionnement de notre système démocratique: au cours des 25 dernières années, la politique des réfugiés a été orientée et monopolisée par des groupes de pression.
Tous les partis politiques sont conscients que la politique actuelle ne sert pas les intérêts du Canada. Tous savent que le système est mal en point et qu’une réforme s’impose. Mais aucun d’eux n’est prêt à faire quelque chose pour corriger le problème.
Notre politique de réfugiés déficiente a entraîné la militarisation de notre frontière. Elle a nui à nos relations avec des pays amis, porté un coup à notre commerce international et à notre industrie touristique. Elle a, en outre, remis en question notre capacité de sécuriser nos frontières et d’agir en une nation souveraine.
En tant que nation, nous ne sommes plus capables de décider qui devrait entrer dans notre pays ou d’expulser ceux que nous considérons comme des indésirables.- notamment les individus coupables d’actes terroristes.
Nous sommes l’un des rares pays qui accueillent des personnes de tous pays simplement parce qu’elles prétendent être persécutées. Par exemple, en 2002, des citoyens de 152 pays ont réclamé le statut de réfugié – notamment des Américains, des Suédois, des Suisses et des citoyens d’autres pays démocratiques. Pourquoi cette situation absurde persiste-t-elle?
La raison est que nos partis politiques savent très bien que les Canadiens ne connaissent pas grand-chose à la politique d’accueil des réfugiés. C’est une politique compliquée qui fait rarement l’objet d’un débat durant les élections. Cela laisse le champ libre à un puissant groupe de pression, formé des avocats du Conseil canadien des réfugiés et des avocats et conseillers en immigration – qui gagnent des milliers de dollars à défendre des demandeurs d’asile. Ils sont appuyés par une multitude d’ONG qui reçoivent des millions de dollars en subvention du gouvernement pour s’occuper et aider les demandeurs d’asile. Ils ont donc toutes les raisons de vouloir maintenir le statu quo.
La plupart des Canadiens ignorent la différence entre un faux demandeur d’asile et un vrai. Et média sèment la confusion en utilisant abusivement le terme de «réfugié» pour désigner tous les demandeurs de statut de réfugiés – même ceux qui n’ont jamais subi de persécutions dans leur pays d’origine.
C’est une commission compétente qui décide qui est un vrai réfugié. Durant ce processus (qui peut s’étaler sur des années), les demandeurs peuvent profiter de généreuses prestations d’aide sociale, de soins gratuits et des services d’avocats!
Depuis 1985, il y a eu plus de 700 mille demandeurs du statut de réfugiés – et dans aucun cas, il n’y a eu présélection pour antécédents criminels, risque pour la sécurité ou état de santé. Beaucoup arrivent sans documents légaux. Très peu sont gardés en détention. La plupart sont relâchés et invités poliment à se présenter aux audiences d’examen de leur requête. Actuellement, il y a près de 60 mille personnes en attente d’une audience.
Les coûts sont énormes. Le ministère de l’Immigration estime qu’un demandeur d’asile coûte près de 30 mille dollars par année aux contribuables canadiens et la grande majorité des demandeurs restent au Canada pendant plusieurs années.
Si leurs requêtes sont rejetées, il est peu probable qu’ils soient expulsés. Ils peuvent tenter d’interjeter appel devant la cour fédérale. En cas de refus, ils ont bien d’autres recours pour retarder leur expulsion. Le résultat est qu’un grand nombre finit par rester au Canada.
Cette farce dure depuis près de 25 ans. Toute tentative de réformer le système soulève un tollé. L’industrie des réfugiés peut compter sur l’appui cynique des partis de l’opposition, dont les porte-parole ne manquent pas d’accuser les réformateurs de racisme.
Le tollé qu’a suscité l’imposition de visas aux Mexicains ou Tchèques s’est calmé, mais il a néanmoins contribué à relancer le débat sur la nécessité d’une réforme.
La première étape serait d’établir une liste des pays considérés comme «surs» et de rejeter automatiquement toute demande d’asile de personnes venant de ces pays. C’est ce qu’ont fait la plupart des pays européens et cela a stoppé la contrebande d’êtres humains. Il est grand temps que le Canada fasse la même chose.
National Post
James Bissett est un ancien ambassadeur. Il a dirigé le Service d’immigration du Canada de 1985 à 1990.