Nous devons stopper les islamistes d’endoctriner les jeunes
Par Carl Ungerer
The Australian, publié le 11 décembre 2009
Traduction Point de Bascule
Karl von Clausewitz, un des grands théoriciens de la guerre a écrit: «le but de toute guerre doit être d’établir une situation meilleure avant le déclenchement des hostilités. » Après une décennie de lutte internationale contre le terrorisme, comment pouvons-nous savoir si la situation s’est améliorée?
On pourrait prendre pour mesure la fréquence des attaques terroristes. Depuis le début de 2009, plus de 7,500 personnes ont été tuées dans 5,000 attentats sur 4 continents. C’est nettement mieux que l’an dernier où plus de 15,000 personnes ont péri dans plus de 11,000 attentats. Osama ben Laden et son organisation al-Qaida ont été incapables d’organiser des attentats comparables en importance à ceux du 11 septembre contre les tours du World Trade Center. Et ils n’ont pas réussi à mettre la main sur une arme nucléaire. Peux-t-on conclure que le terrorisme est devenue une menace moins urgente et donc que la situation s’est améliorée depuis que les hostilités ont commencé? L’opinion publique en Australie le croit. Une enquête de l’Autralian Strategic Policy Institute menée l’an dernier révélait que le terrorisme était tombé au 13e rang des 14 principaux sujets de préoccupations aux élections de 2007. Deux tiers des Australiens pensent que le terroriste fait partie des menaces de la vie quotidienne. Les changements climatiques sont considérés comme le nouveau terrorisme. Mais quand on a demandé aux Australiens si le gouvernement faisait tout ce qu’il pouvait pour prévenir un attentat terroriste, la réponse des électeurs a été sans équivoque. Seulement 50% pensaient que le gouvernement contrôlait la situation. Même si près de 10 milliards de dollars ont été consacrés depuis 2001 à l’amélioration des mesures de sécurité, 41% des électeurs ont dit que le gouvernement pouvait faire mieux. Parce qu’il n’y a pas eu d’attentats graves en Australie depuis l’explosion d’une bombe au Sydney Hotel, en 1978, certains croient que la menace est si faible qu’on pourrait maintenant consacrer moins d’argent à la sécurité nationale.
Les ressources sont limitées et comme il y a bien d’autres sujets de préoccupation comme la cybersécurité ou le crime organisé, on commence à se dire qu’il vaudrait mieux accorder moins d’importance à la menace terroriste. Ce n’est pas ce que je pense. Le vrai danger est la complaisance sur la nature et l’importance d’une menace nourrie par une idéologie religieuse.
Comme l’a dit récemment Peter Clark de la police britannique: «La menace terroriste est d’une telle ampleur et tellement intraitable qu’il ne faut pas seulement se contenter de pourchasser ceux qui projettent des attentats. Nous devons trouver un moyen d’attaquer les idées qui les poussent à agir ainsi.»
Le nombre de terroristes dans le monde a peut-être diminué, mais l’idéologie qui nourrit le terrorisme international continue de séduire les esprits de la Somalie jusqu’au sud des Philippines. Et les enfants sont de plus en plus la cible de cet endoctrinement idéologique. En Indonésie, le groupe radical Hizb ut-Tahrir s’intéresse tout particulièrement aux écoles, fournissant des livres aux adolescents qui les encouragent à renverser la démocratie laïque pour la remplacer par la loi islamique (charia) et un califat.
Bien que de telles organisations se gardent de promouvoir ouvertement la violence, le lien entre la propagande, la radicalisation des esprits et le terrorisme est bien établi.
Et l’internet contribue à répandre le message des extrémistes. Hizb ut-Tahrir a mis sur pied un site internet qui rivalise avec les grandes chaînes internationales d’informations. Les adolescents sont les plus grands utilisateurs de l’internet et les sites de réseautage social interactif fournissent aux groupes terroristes de nouvelles possibilités de recrutement et de radicalisation des esprits.
Pas étonnant donc qu’une organisation terroriste somalienne soit appelée al-Shabaad (la jeunesse)
Pour atteindre leurs buts, les idéologues doivent constamment trouver de nouvelles recrues. Alors qu’ils sont en train de former une nouvelle génération de terroristes, la communauté internationale semble incapable de réagir d’une manière cohérente et stratégique.
Jusqu’à présent, la guerre contre le terrorisme a été partagée entre 95% d’interventions militaires et 5% d’activités anti-idéologiques. Il faut changer cela, parce que c’est en gagnant la guerre idéologique que l’on pourra déterminer si nous avons réussi ou échoué à stopper la présente vague de terrorisme religieux.
Carl Ungerer est directeur de la sécurité nationale à l’ Australian Strategic Policy Institute
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