Ayaan Hirsi Ali: «L’islam n’est pas une religion européenne»
Par par Roger Heurtebise
Riposte Laïque le 12 février 2010
Note d’introduction:
Avant de lire l’excellent compte rendu de Roger Heurtubise, je vous invite à lire la bio de Ayaan Hirsi Ali à la suite de ma note d’introduction.
Les Québécois affirmant, et souvent gratuitement, que tous les extrémismes religieux sont dangereux ne semblent pas réaliser le danger qui guette les personnes issues du monde musulman lorsqu’elles font certains choix individuels. Lorsqu’elles font le choix de quitter l’islam afin d’assumer leur liberté de conscience garantie par la déclaration universelle des droits de l’Homme. Ces personnes savent très bien que ce n’est pas qu’une question de rejet familiale et communautaire mais bien la possibilité de se faire littéralement tuer. Il est ridicule de comparer l’apostasie, telle qu’endossée par toutes les écoles de l’islam officiel à celui de l’ensemble des autres doctrines religieuses du 21e siècle. L’apostasie, l’acte de quitter l’islam, est au mieux très sévèrement puni, et au final c’est carrément d’une peine de mort dont il est question. L’affaire Bellari devrait nous rappeler pourquoi si peu d’ex musulmans s’affichent ou affirment leur choix de conscience même ici au Québec. Le meurtre lié à l’apostasie est aussi qualifié comme crime dans la cathégorie des crimes d’honneur.
Le deuxième point à retenir c’est qu’au Canada, la seule organisation musulmane qui ne soit pas téléguidée par des intérêts étrangers (des pays qui répandent l’islam le plus radical), le Muslim Canadian Congress (MCC) avait déclaré: « que le terrorisme islamique d’aujourd’hui repose sur les doctrines du djihad » et le MCC estime que « les chefs musulmans du monde et particulièrement ceux de l’Amérique du Nord ne doivent pas se contenter de dénoncer les actes terroristes. Ils doivent aussi rejeter la doctrine du «djihad armé ».
-Marc Lebuis
Note biographique sur Ayaan Hirsi Ali:
Ayaan Hirsi Ali est une femme politique somalienne et néerlandaise, née à Mogadiscio en Somalie, À l’âge de cinq ans, alors que son père est en prison pour des raisons politique, sa grand-mère s’arrange pour faire exciser Ayaan et sa soeur à l’insu de leur mère qui doit souvent voyager. Elle a été scolarisée dans une école coranique pour jeunes filles. Le 24 juillet 1992, après avoir été mariée de force par son père à un Somalien vivant au Canada, et alors qu’elle est en transit en Allemagne, hébergée par un lointain cousin, et en attente de son visa pour rejoindre son “mari”, elle s’enfuit aux Pays-Bas où elle obtient l’asile politique. Elle poursuit ses études de philosophie politique à Leyde et est naturalisée en 1997. De 1995 à 2001, elle travaille également comme traductrice et interprète pour la justice néerlandaise et pour les services d’immigration. À partir de 2001, chercheuse dans un think tank du Parti du travail des Pays-Bas, elle se spécialise sur l’intégration des femmes étrangères et plus particulièrement musulmanes. Elle constate à cette occasion la permissivité de la société néerlandaise envers les discriminations faites aux femmes musulmanes au nom du communautarisme.
Elle déclare «ne plus [croire] en Dieu depuis les attentats du 11 septembre 2001» et se livre dans un entretien accordé au quotidien Trouw à de violentes attaques contre l’islam, Mahomet et le Coran en traitant notamment «Mahomet de terroriste et de pervers». Elle est ensuite désavouée par le parti travailliste pour son interprétation «réactionnaire et anti-islamique» des attentats du 11 Septembre.
Elle quitte alors ce parti et, en novembre 2002, elle adhère au parti libéral (droite néerlandaise) où elle peut davantage faire valoir ses idées. Elle est élue a la deuxième chambre des États-Généraux en 2003 et réussit alors à faire adopter une proposition de loi réprimant sévèrement la pratique de l’excision. Durant cette période, elle écrit de nombreux articles fustigeant ce qu’elle appelle les dangers du communautarisme, qu’elle voit comme un obstacle à l’intégration; elle considère qu’il n’y a «pas de cohabitation possible entre l’islam et l’Occident.»
Après l’assassinat de Theo van Gogh par Mohammed Bouyeri, en novembre 2004, l’assassin avait laissé sur le corps de la victime une liste des futures cibles transpercée par le poignard où son nom figure en tête; elle s’enfuit aux États-Unis, pays dans lequel elle reçoit le soutien officiel du think-tank American Enterprise Institute. Mais, aux États-Unis, certains membres du camp républicain d’abord favorables à sa cause la désavouent et elle n’obtient pas la nationalité américaine.
Une autre affaire concomitante l’aurait incitée à quitter le pays. Cible initiale du meurtrier de Theo van Gogh, elle bénéficiait d’une protection policière. Les désagréments de cette protection pour le voisinage sont à l’origine d’une plainte. La Cour d’appel donne raison à ses voisins, déboutés en première instance, et décide l’expulsion de la députée. Ensuite l’American Enterprise Institute avance la date de son entrée en fonction.
Le 22 octobre, dix-neuf intellectuels français signent une lettre de soutien dans laquelle ils dénoncent dans l’attitude des Pays-Bas la «lâcheté inacceptable d’un gouvernement d’Europe», et demandent que la France assure la protection de Ayaan Hirsi Ali et lui accorde une «citoyenneté française honorifique».
Le 10 février2008 Ayaan Hirsi Ali se rend à Paris pour y recevoir le premier prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. De nombreuses personnalités du monde intellectuel et du monde politique, parmi lesquelles Ségolène Royal, sont présentes à la cérémonie. La secrétaire d’État chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme Rama Yade déclare à cette occasion que l’octroi à Ayaan Hirsi Ali de la nationalité française «peut être totalement examiné» et lit un message du président Sarkozy préconisant une prise en charge de la protection par l’Union européenne pour toutes les personnalités menacées, au-delà du seul cas d’Ayaan Hirsi Ali.
«Naturellement membre du parti travailliste» – la formule est d’elle – elle se trouve en désaccord avec lui en ce qui concerne les relations que la société doit entretenir avec les communautés étrangères.
Source: Wikipédia
RIPOSTE LAIQUE
Ayaan Hirsi Ali: «L’islam n’est pas une religion européenne»
vendredi 12 février 2010,
par Roger Heurtebise
Le 3 février, la chaîne de télévision américaine CNN organisait un débat d’une dizaine de minutes entre la résistante Ayaan Hirsi Ali, l’islamiste égyptien Tariq Ramadan et le politicien danois Nasser Khader.
La première impression positive que je retiens de ce débat, c’est la verve souriante et dynamique d’Ayaan Hirsi Ali. Son dynamisme contraste avec ses interventions sur les médias français, où, outre le filtrage de la traduction, elle doit subir la désinformation d’islamophiles médiatiques.
Je me souviens par exemple de Jack Lang, sur un plateau de Marc-Olivier Fogiel, qui prit en traître Ayaan Hirsi Ali en lui faisant dire du bien du Coran, sans que ni le traducteur simultané ni l’animateur ne dénoncèrent cette manipulation honteuse. Je me souviens d’un Bernard-Henri Levy, qui s’improvisa interprète d’Ayaan Hirsi Ali dans une interview par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, qui omis tout simplement de traduire les attaques contre l’islam, et qui osa même faire dire à Ayaan Hirsi Ali que «l’islam est une belle religion». C’était tellement gros que Jean-Pierre Elkabbach lui fit remarquer que ces paroles n’avaient pas été prononcées par Ayaan Hirsi Ali, mais qu’elles étaient l’invention pure et simple du philosophe islamolâtre. Je me souviens d’une Ségolène Royal, qui, quelque jours après avoir participé à un meeting avec Ayaan Hirsi Ali, dénonça ses paroles contre l’islam comme «excessives», en les ramenant à une réaction affective due uniquement à la violence subie.
Rien de toutes ces saloperies dans le débat sur CNN: Ayaan Hirsi Ali s’exprime directement en anglais et par conséquent ne peut être victime de ce type de désinformation dégueulasse. Un autre enseignement positif de ce débat, c’est de constater que les médias américains s’intéressent à nos interrogations franco-françaises sur la burka et sur l’offensive islamique. L’animatrice a même cité le député communiste André Gérin pour qui le voile intégral est la partie émergé de l’iceberg islamo-fasciste.
Sur le fond, Ayaan Hirsi Ali a riposté au Frère Musulman Tariq Ramadan sur deux points principaux.
Tariq Ramadan prétend que l’islam fait partie de l’Europe, sous prétexte que des millions d’Européens sont musulmans. Ayaan Hirsi Ali répond clairement: «L’islam n’est pas une religion européenne». L’islam a été apporté de l’étranger par des migrants européens, et n’a strictement aucun rapport avec les croyances et les valeurs européens. Il y a un conflit clair, confirmé par l’actualité, entre ces valeurs européennes et celles de la religion de Mahomet, principalement à cause de la dimension politique et sociale de celle-ci. Il ne s’agit pas de spiritualité, mais bien d’une opposition de fond. Pour Ayaan Hirsi Ali, les musulmans doivent s’adapter aux valeurs européennes pour devenir pleinement européens. Tariq Ramadan n’oppose qu’un seul argument: il y a de nombreux musulmans en Europe, donc l’islam est une religion européenne. Il en appelle désespérément à Barack Hussein Obama, un ex-musulman devenu président des Etats-Unis. Il prétend que l’islam serait européen parce que les musulmans d’Europe respectent majoritairement les lois des pays d’accueil. Encore heureux! Mais cela n’invalide en rien le caractère étranger de leur idéologie.
Ayaan Hirsi Ali rappelle alors à l’islamiste de Genève que, conformément aux préceptes coraniques, des musulmans ont commis de nombreux attentats contre les non-musulmans. «Le jihad est un concept majeur en islam et c’est ma religion, c’est mon Dieu qui ordonne de tuer des gens». Ayaan Hirsi Ali démonte totalement la fable d’un islam «religion de paix».
Tariq Ramadan tente alors de détourner le sur le voile et sur l’islamophobie pour ne pas répondre sur ce point de fond. Selon lui, la plupart des musulmans condamnent la violence contre des «personnes innocentes» et le port obligatoire du voile islamique. Selon Tariq Ramadan, le problème du voile ne se résume qu’à la «nouvelle visibilité» des musulmans, et il embraye sur son dada de l’islamophobie: condamner le voile, c’est raciste et c’est une «nouvelle colonisation». Quel foutage de gueule et quelle inversion des réalités, puisque c’est bien l’islam politique avec son voile et ses barbus qui tente de nous coloniser!
On aimerait avoir des débats aussi francs et directs en France!
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Par Marc Lebuis au nom de l’équipe de Point de Bascule
Publié dans Le Devoir le 15 février 2010