Le quotidien sénégalais Le Soleil rapporte que l’ambassade du Canada a invité Mme Asmaa Ibnouzahir, coordonnatrice de l’ONG « Présence musulmane Canada » à participer au prélude culturel du prochain sommet de l’Organisation de la Conférence islamique. Elle animera une table ronde sur le thème « Vivre sa foi musulmane au Canada ».
Le sommet de l’OCI se tiendra à Dakar au Sénégal les 14 et 15 mars 2008.
On se demande bien ce que fait le Canada au sommet de l’OCI, une organisation de pays islamiques non démocratiques qui ne reconnaissent pas la Déclaration universelle des droits de l’Homme. On s’interroge aussi sur le choix de «Présence musulmane» par l’ambassade. C’est une organisation dont le maître à penser est Tariq Ramadan, et qui vise l’imposition du programme islamiste au Canada. Dans son mémoire à la Commission Bouchard-Taylor, Présence musulmane témoigne d’un grand mépris envers les Québécois.
Voici ce que rapporte le quotidien Le Soleil du Sénégal, édition du 4 février 2008
SOMMET DE L’OCI : La coordonnatrice de «Présence musulmane Canada » attendue à Dakar
Nous avons reçu ce communiqué de l’ambassade du Canada. L’ambassade du Canada, fidèle à sa longue tradition d’amitié qui lie le Sénégal et le Canada, souhaiterait accompagner le Sénégal vers le sommet de l’Organisation de la conférence islamique, qui se tiendra à Dakar du 14 au 15 mars 2008. L’ambassade a invité Mme Asmaa Ibnouzahir, coordonnatrice de l’Organisation non-gouvernementale « Présence musulmane Canada », à participer au prélude culturel du sommet de l’Oci. Mme Ibnouzahir, qui sera à Dakar du 1er au 7 mars 2008, animera une table ronde, sur le thème « Vivre sa foi musulmane au Canada », en plus de rendre visite à des autorités religieuses et voire des sites religieux.
Qui est Présence musulmane?
Ce groupe a présenté un mémoire à la Commission Bouchard-Taylor. En résumé, leur position est celle-ci:
Le groupe Présence musulmane pose un diagnostic sur la société québécoise : détresse identitaire, émotivité exacerbée, confusion, refoulement d’enjeux latents, xénophobie record, égocentrisme, altération de la raison, complot médiatico-politique – et prescrit une thérapie massive et des restrictions à la liberté de la presse. Le groupe dénonce aussi l’arrogance du féminisme républicain ethnocentrique.
Notre collaborateur Helios d’Alexandrie a réagi à ce mémoire dans son article sous le titre «Le mémoire de Présence musulmane vise l’imposition du programme islamiste». Ses conclusions:
«Présence musulmane» profite du débat pour insinuer que les québécois vivent une sorte de crise identitaire du fait qu’ils se trouvent confrontés à des musulmanes bien ancrées dans leur identité religieuse et sûres d’elles-mêmes, le problème résiderait donc chez les québécois et non du côté des musulmans. À l’en croire les québécois en se pliant à toutes les demandes possibles et imaginables telles que des piscines séparées et des soins de santé prodigués par des soignants du même sexe que le patient, feraient preuve de confiance en eux-mêmes et dans les valeurs d’égalité et de non discrimination basées sur le sexe ! Plus incohérent que ça tu meurs ! Et c’est ce genre de logique qui nous est servi le plus sérieusement du monde.
Il ne vient pas à l’esprit de ces gens que ce Québec qui les a accueilli de bonne foi soit justifié de se poser la question s’il est dans son intérêt d’accepter un effritement graduel de ses valeurs en retour d’une hypothétique bonne entente. Ce questionnement démontre non un doute sur son identité mais une maturité collective et une confiance dans cette tradition de consultation populaire que peu de sociétés peuvent se targuer de posséder.
«Présence musulmane», au même titre que les imams salafistes et les islamistes présumés non-violents, ne vise pas l’intégration harmonieuse et l’échange mais l’imposition du programme islamiste. Alors que le Québec parle de valeurs, de droits et d’intégration, les islamistes pensent pouvoir et domination, s’ils ne souffraient pas d’une insécurité pathologique pourquoi chercheraient-ils à affirmer par ces moyens leur «présence musulmane» ?
Qui est Mme Asmaa Ibnouzahir?
On peut la connaître par une lettre publiée dans Le Devoir dans lequel elle réagissait à un article d’Antoine Robitaille publié en 2006, sous le titre «Le «J’accuse» de Fatima Houda-Pepin». Mme Houda-Pépin, musulmane d’origine marocaine et député libérale de Lapinière, est à l’origine de la motion de l’Assemblée nationale condamnant les tribunaux de la charia au Canada. Nous reprenons des extraits de l’entrevue de Mme Houda-Pépin, suivis de la lettre de Mme Ibnouzahir.
Extraits de l’entrevue de Mme Houda-Pépion avec Le Devoir en 2006
Une «propagande haineuse», un véritable «cancer», se dissémine dans notre société depuis 25 ans, «sous couvert de religion», l’islam «réductionniste», a accusé hier la députée libérale de Lapinière, Fatima Houda-Pepin, dans un entretien au Devoir où elle a remis en question la représentativité de certains des porte-parole de cette communauté.
Mme Houda-Pepin, qui n’a jamais été tendre à l’endroit des sections radicales de l’islamisme, avait présenté l’an dernier une motion à l’Assemblée nationale (finalement adoptée à l’unanimité) en opposition au projet de tribunaux islamiques en Ontario.
Elle s’inquiète des propos auxquels les citoyens musulmans sont exposés «dans des lieux de culte» ou «dans des cercles de réflexion ou d’échange spirituels». Là, dit-elle, se tiennent «des discours haineux extrêmement violents à l’endroit de tous les «mécréants»; entendez par «mécréants» tous ceux qui ne sont pas musulmans, d’une part, et, d’autre part, les musulmans qui ne pensent pas comme eux». Selon la députée, «la violence commence là: lorsqu’on propage un discours de haine à l’encontre de l’autre, à cause de sa différence». D’après elle, «il faut arrêter de se fermer les yeux sur cette réalité parce que nous sommes tous perdants si on continue de fermer les yeux sur ce phénomène».
Comme les skinheads
Elle s’étonne du fait que l’on soit si vigilant envers les «discours haineux» que propagent les «skinheads», par exemple, mais dès que des propos de la même eau sont formulés dans un discours «religieux», on laisse faire. «Je présume et je suppose qu’il est permis d’interdire!», dit-elle en contre-pied au fameux slogan de mai 1968, «il est interdit d’interdire». Elle fait remarquer que le code pénal canadien contient «tout ce qu’il faut» pour mettre fin à cette «propagation haineuse sous couvert de religion». «C’est aux autorités compétentes d’agir en conséquence», insiste-t-elle.
Surtout que toute cette haine est un produit d’importation qui cause un problème de représentativité. Ses propagateurs font partie, dit-elle, d’un «petit segment minoritaire» chez les musulmans d’ici, «une mouvance alimentée aux conflits importés d’ailleurs, aux sensibilités venant d’ailleurs; elle s’est organisée autour d’un certain leadership importé d’ailleurs», affirme-t-elle. Elle pense par exemple «à des gens qui viennent ici comme imams, ils sont formés à l’étranger, payés par l’étranger, pour promouvoir au Québec et au Canada un islam de l’étranger qui n’a aucun rapport avec la réalité et les contextes proprement québécois et proprement canadiens».
Ce «segment» travaille depuis longtemps au Canada, depuis quelque «25 ans», soutient-elle. Et ceux qui le composent sont bien alimentés à tout point de vue (financement, mobilisation, structure) et cherchent à s’imposer par tous les moyens aux communautés musulmanes. «D’une certaine manière, ils essaient de définir la communauté au Canada et au Québec», dit-elle.
Mais il y a un problème: «N’importe qui peut se déclarer imam», déplore Mme Houda-Pepin. «Ce n’est pas comme le sacerdoce, où vous avez une structure, une Église organisée, où les titres valent quelque chose, où les gens ont passé à travers une formation académique, une formation personnelle, qui les a amenés à une reconnaissance d’un statut précis.» Même si vous faites n’importe quel métier, soutient-elle, «vous pouvez presque entrer dans une mosquée, dire que vous voulez être un imam et vous êtes un imam! Pourvu que vous ayez l’argent qui coule derrière vous, parce que c’est ce qui est nécessaire. Et alors, vous pouvez prendre la communauté en otage».
En contrepartie, «l’immense majorité» de cette communauté, dit-elle, ne se reconnaît pas dans ces imams souvent invités par les médias pour parler au nom des musulmans. «Il n’y a pas de leadership unifié, il n’y a pas d’interlocuteurs qui vont refléter l’opinion, le point de vue ou le sentiment de la très vaste majorité», déplore-t-elle. «Ceux qui s’intègrent, ceux qui vivent en harmonie avec leur milieu ne sont pas organisés, n’ont pas de voix reconnue pour refléter leurs sentiments et leurs réactions.» Et cette situation est «profondément dramatique», souligne Mme Houda-Pepin, parce que de nombreux membres de cette majorité «non organisée» se sentent floués: «Quand on les rencontre, ils vous disent: “Moi, j’ai quitté mon pays, j’ai quitté ma famille pour fuir l’extrémisme, la violence, le fanatisme, pour combattre ces éléments-là, et ici, on m’associe à ceux qui représentent cela!”», raconte la députée.
Un «cancer»
Ainsi, s’il faut bien sûr faire «tous les efforts nécessaires pour encourager l’intégration des communautés musulmanes au Québec, au Canada», il faut aussi, selon elle, «avec la même énergie et avec la même force, dénoncer les éléments extrémistes qui sont en train de disséminer une vision de l’islam qui est totalement en rupture avec ce qu’on devrait vivre dans le monde moderne. C’est un vrai cancer qui est en train de se répandre dans la communauté». À preuve, ces burqas qui se multiplient chez nous et qui, notamment, étaient omniprésentes autour du palais de justice: «C’est une violence faite aux femmes de les forcer à porter ça, une ségrégation. On leur apprend à haïr l’autre, on leur apprend à ne pas donner la main à l’autre. On leur apprend à prendre leurs distances par rapport à l’autre.»
Réaction de Mme Asmaa Ibnouzahir
Fatima Houda, ou Pépin, pour faire bonne figure, lance encore ses attaques fondées davantage sur son ressentiment, nourri probablement par de mauvais souvenirs, que par une réelle analyse du terrain actuel. Une caricature provocante de l’islam et des musulmans dessinée par une «musulmane». Il faut dire que c’est ce qu’il y a de plus payant auprès des médias de nos jours; il suffit d’avoir un petit teint, un nom exotique, être né dans une famille musulmane, continuer à se déclarer musulman et voici quatre facteurs qui, combinés à une diabolisation de l’islam et des musulmans, te procurent gloire et crédibilité auprès des médias. On en a vu d’autres, Irshad Manji(slogan : musulmane et lesbienne), Nabila Ben Youssef (slogan : musulmane et cochonne) et j’en passe !
Pour revenir au cas Houda-Pépin, elle a présenté une motion pour s’opposer aux tribunaux islamiques, alors que personne au Québec ne les avait demandés. Elle accuse les lieux de culte et les cercles de réflexion et d’échanges spirituels musulmans d’être des nids où on propage des messages de haine envers l’autre. Pour qu’elle puisse porter un tel jugement, on peut penser qu’elle a dû y mettre les pieds. Pourquoi alors n’a-t-elle pas fait arrêter ces personnes si méchantes pour incitation à la haine !? Il est triste de constater qu’une députée émet des déclarations et prends des dispositions sans fondements, sans preuves et sans réelle connaissance du terrain. Il est facile d’être assise dans son beau bureau de députée et de fantasmer sur l’image qu’on voudrait donner à un groupe quelconque. «N’importe qui peut se déclarer imam» et «ils peuvent prendre la communauté en otage», dit-elle. Alors, il faut croire que les musulmans sont tous des poules pas de têtes qui courent dans toutes les directions et attendent le «n’importe qui» venu d’un pays lointain pour les commander dans une mosquée et leur dicter leur code de vie ! Quelle manque de bon sens et quel simplisme absurde ! Elle rajoute que «ceux qui s’intègrent, ceux qui vivent en harmonie avec leur milieu ne sont pas organisés, n’ont pas de voix reconnue pour refléter leurs sentiments et leurs réactions». Quels efforts faites-vous chère députée pour approcher ces groupes et être leur voix, puisque vous «vous êtes bien intégrée» et vous semblez vivre «en harmonie avec votre milieu»? Quels efforts faites-vous pour dialoguer avec tous les autres groupes de musulmans bien organisées et qui communiquent régulièrement avec les médias pour dénoncer et condamner tout acte de violence quelque soit son motif? Ces groupes qui ont acquis une crédibilité auprès de plusieurs structures et institutions québécoises parce qu’ils encouragent le dialogue avec l’autre, la connaissance de l’autre et le mieux-vivre collectif. Comment travaillez-vous concrètement sur l’intégration des musulmans ? Les connaissez-vous réellement ? Il ne suffit pas d’avoir un nom arabe et d’être d’origine musulmane pour prétendre les connaître.
Tenir un discours qui plaît n’a jamais procuré la gloire à long-terme. Mieux vaut-il améliorer son sens de jugement et d’observation, et faire preuve d’intégrité dans ses propos.
Qui est l’OCI?
L’Organisation de la conférence islamique regroupe 57 pays. Elle a récemment annoncé la rédaction d’une Charte islamique des droits de l’Homme inspirée de la charia, incompatible avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Voir aussi sur notre site:
« Présence musulmane » au sommet de l’OCI – mission du siècle pour le Canada !
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