Fitna est un embarras pour le gouvernement néerlandais. En débattant de censure, le cabinet a donné une publicité mondiale au film. Il a aussi démontré qu’il ne protège pas la liberté d’expression. Le cabinet témoigne d’un respect hypocrite envers les musulmans, présumant qu’ils agiront tous comme des demi-bêtes irresponsables dénuées de raison. Wilders ne fait pas d’amalgames; il présume que la majorité des Musulmans sont raisonnables et il les invite à un débat difficile mais nécessaire sur leur religion. -Ayaan Hirsi Ali
Ex-musulmane, Mme Ali a siégé au Parlement des Pays-Bas. Cette année, elle a été la première récipiendaire, avec Taslima Nasreen, du Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Ce prix a été créé à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir et récompense l’œuvre et l’action exceptionnelles de personnes qui contribuent à promouvoir la liberté des femmes dans le monde.
Comme pour le député Geert Wilders, les médias collent à Ayaan Hirsi Ali l’étiquette d’extrême droite, alors que tous deux défendent la liberté d’expression et dénoncent l’islam radical, les mariages forcés, l’excision, les crimes d’honneur, les agressions haineuses contre les homosexuels, etc.
Pour Ayaan Hirsi Ali, la réaction sensée à Fitna est celle du député Ahmed Aboutaleb, qui invite les Musulmans à réfléchir à la crainte suscitée par leur religion, et déplore que les Musulmans modérés restent muets plutôt que d’élever leur voix contre l’extrémisme.
Traduction de Fitna Is an Embarrassment for the Dutch Cabinet, par Ayaan Hirsi Ali, Front Page Magazine, le 1er avril 2008. Pour lire l’article original (anglais) cliquez ici.
La thèse centrale de Fitna est la suivante: le Coran commande aux musulmans de propager leur foi dans le monde entier, au moyen du djihad et de l’endoctrinement. Pour montrer que certains musulmans prennent ces édits littéralement, le film présente des images des attentats terroristes à New York et à Madrid. Dans le film, vous entendrez des extraits de sermons remplis de haine et des foules musulmanes qui acclament les prédicateurs.
Dans une scène, une fillette de trois ans apprend par cœur le Coran qui révèle que les Juifs sont des singes et des porcs. À la fin du film, on entend tout à coup le bruit d’une page être arrachée d’un livre, suivi d’un message indiquant que c’est une page d’un annuaire téléphonique, et non pas le Coran, et que c’est aux Musulmans de faire face à l’intolérance de leur Livre Saint.
Fitna est poli, mais Fitna est un grave embarras pour le gouvernement néerlandais. D’abord, parce que la quasi-totalité de la publicité pour le film provient du cabinet. Si, l’année dernière, le premier ministre avait réagi en disant: «nous ne pouvons pas réagir à un film qui n’a pas encore été diffusé et d’ici là, le cabinet ne prendra pas position», il n’y aurait pas eu de controverse mondiale larvée.
Des bêtes sauvages
Une deuxième raison pour laquelle le cabinet a gravement perdu la face, c’est qu’il a démontré qu’il met en danger la liberté d’expression. En agissant comme si c’était utile d’enquêter pour savoir si le film devait être interdit (que ce soit avant ou après sa diffusion), le cabinet a indûment renversé sa position constitutionnelle à l’égard de la deuxième chambre du Parlement.
Aux Pays-Bas, le cabinet gouverne et le Parlement contrôle le cabinet. En relation avec le député Wilders, cependant, le cabinet s’est incorrectement érigé en contrôleur. Le gouvernement néerlandais a activement cherché à faire taire un membre élu du parlement. Que l’opposition parlementaire ne soit pas intervenue contre cette effroyable tentative de censure est toutefois plus affligeant que ne pourrait l’être tout film sur l’islam.
Fitna a révélé l’image de méfiance envers les musulmans qu’entretient le cabinet chrétien-démocrate. Il considère les musulmans comme des demi-bêtes féroces (un peu comme Bokito, le plus célèbre gorille des Pays-Bas) qui vont sauter par dessus la clôture de la raison à la moindre provocation et perturber la paix publique dans leur frénésie collective.
Pour le cabinet, les Musulmans ne peuvent être tenus en échec que si on évite de les traiter comme des adultes responsables, de les contredire, de leur poser des questions difficiles au sujet de leur religion, et si on parle d’eux positivement; tout en créant en même temps une myriade de plans d’intervention d’urgence pour des scénarios de crise parce qu’un film se trouve à parler de leur Livre Saint.
C’est comme dans le cas du gorille Bokito, qui a été mis derrière des barreaux élevés dans un zoo tout en étant fébrilement cajolé. Cette attitude est appelée le «respect» envers les musulmans. Je me demande ce que les musulmans pensent d’être vus de cette manière?
Respect hypocrite
Qui insulte les musulmans ici? Le député démocratiquement élu qui leur pose de douloureuses mais très pertinentes questions sur leur religion, ou le gouvernement néerlandais qui se méfie d’eux tout en avouant être respectueux de leur religion?
M. Wilders a promis de lancer une campagne nationale de débats avec les musulmans après le lancement de son film. C’est plus respectueux envers les musulmans que toutes les prédictions de catastrophes sur leur tête. On peut présumer que le Musulman hollandais est raisonnable. Il vit dans un pays libre où il peut choisir de ne pas lire, écouter ou afficher des textes, des sons et des images qui lui sont déplaisants ou pénibles.
Le fait qu’il existe des personnes aux Pays-Bas tels que Mohammed Bouyeri qui choisissent de réagir avec une dague ne signifie pas que tous les musulmans aux Pays-Bas vont naturellement réagir de la sorte. Le cabinet ne peut pas confondre prématurément les 6% de musulmans qui sont caractérisés comme dangereux avec les autres 94%.
Au contraire, le cabinet devrait présenter aux musulmans les paroles que le sous-ministre Ahmed Aboutaleb, un musulman, a énoncées clairement dans le programme de télévision Pauw & Witteman: «les musulmans doivent réfléchir à la crainte suscitée par leur religion. La majorité des musulmans restent muets et ce n’est pas bon. Nous avons choisi les Pays-Bas précisément à cause de la liberté qui y prévaut. Ceci doit être dit. Les voix des musulmans qui prennent leur distance de l’extrémisme me manquent». Ceci est la réaction appropriée à la question centrale de Fitna.
Contre-film
La déclaration officielle du gouvernement que le film Fitna n’apporte aucune contribution au débat social est donc factuellement inexacte. Fitna a déjà prouvé son utilité. Et la valeur dépasse les sages paroles de Aboutaleb. D’autres groupes islamiques aux Pays-Bas sont déjà occupés avec la création d’un contre-film. Un contre-film, et non des bains de sang! Des mots contre des mots, des images contre des images. La provocation contribue donc à engager un véritable dialogue.
Il y a six ans, Aboutaleb estimait que poser des questions critiques sur l’islam équivalait à «uriner dans son propre nid». Et maintenant il est le seul dans ce cabinet qui a apporté une réponse sensée. Sans poser des questions provocatrices, nous n’aurions jamais atteint ce point.
La réaction officielle du gouvernement néerlandais à Fitna est un aveu de faiblesse. Il est étrange que le premier ministre ait dit «attendez, de très mauvaises choses vont arriver». Il semblerait presque qu’il espère que c’est ce qui va arriver, pour lui sauver la face. C’est tout aussi bizarre que les gens qui disent que maintenant, ils sont déçus. La question pour eux : qu’espéraient-ils réellement?
Espérons que l’ensemble du cabinet endossera l’élégant point de vue du vice-ministre Ahmed Aboutaleb.
Voir aussi:
Ayaan Hirsi Ali commente « The Suicide of Reason » par Lee Harris
“Nous sommes en guerre contre l’islam” – Ayaan Hirsi Ali
Le silence des musulmans « modérés » par Ayan Hirsi Ali
Mon point de vue sur l’islam, par Ayan Hirsi Ali
Plus de 60 députés de l’UE signent pour la protection d’Ayaan Hirsi Ali
UE – De tout coeur avec l’islam contre Geert Wilders
FITNA et la critique de l’islam – par Afshin Ellian, professeur de philosophie aux Pays-Bas
ONU – Louise Arbour condamne FITNA et appelle à des mesures juridiques appropriées
“Fitna” de Geert Wilders est en ligne – le film dit la vérité
« Fitna » – scénario de Point de BASCULE
Geert Wilders au parlement des Pays-Bas : interdire le Coran et STOP à l’islamisation
Pays-Bas – 73% des Néerlandais favorables à la diffusion de “FITNA”
Fitna, Network Solutions et la censure préventive sur Internet – les musulmans sont leur pire ennemi
Geert Wilders : La tolérance de l’intolérance de l’islam menace la tolérance
En raison de menaces sérieuses, LiveLeak retire Fitna
Comment répondre à un musulman argumentatif : rhétorique 101
Pour en finir avec le mot “islamophobie” – par le Belge Jean Thirion
Pour en finir avec le mot “islamophobie” – par l’américain Dennis Prager
Doudou Diène blâme des caricatures, mais pas les manuels scolaires musulmans haineux
La foi, la raison, et le combat idéologique contre le djihad – George Weigel, théologien
Pétition de Calcutta (1985) – requête par des Hindous pour interdire le Coran
L’islam, une idéologie arabe impérialiste, colonialiste et totalitaire
Djihad civilisationnel : entrevue avec le directeur du Center for the Study of Political Islam
Le rapport de l’Observatoire de l’islamophobie – faux diagnostic, mauvais traitement
Le Québec est un havre de paix : protégeons-le de l’obscurantisme islamique
Pourquoi l’Occident est supérieur – Ibn Warraq répond à Tariq Ramadan
Islam, ennemi de la liberté d’expression